[ Statut de conservation IUCN (échelle mondiale) : Préoccupation mineure ]
Aspect
La chouette effraie est un oiseau de taille moyenne, au plumage caractéristique, apparaissant blanc en vol. La partie supérieure est beige orangé, délicatement parsemée de taches grises cendrées. La partie inférieure et le dessous des ailes sont blancs.
L’effraie des clochers possède deux disques faciaux blancs formant un cœur qui la distingue de tous les autres rapaces nocturnes, et sur lesquels percent deux petits yeux noirs. Portée en vol par de grandes ailes arrondies, celles-ci sont tendues en « V » quand elle descend au sol à la recherche de nourriture.
Comportement
C’est un oiseau essentiellement nocturne, ne commençant généralement à chasser qu’en pleine obscurité. Ses proies favorites sont le campagnol, la souris et la musaraigne ainsi que de petits oiseaux. Redoutable chasseuse, elle parcourt ainsi les campagnes, d’un vol léger et silencieux, dans un périmètre de deux kilomètres autour de son refuge. Tellement adroite qu’elle ne rate presque jamais une proie, l’effraie est aidée par ses fortes serres, son puissant bec dissimulé sous ses plumes et sa parfaite acuité auditive qui lui fait repérer le moindre son.
Chassant la plupart du temps le long de routes secondaires et volant à basse altitude, elle est très souvent victime des voitures, car l’effraie est le seul oiseau nocturne à être ébloui par la lumière vive.
Son plumage pâle et son vol fantomatique lui ont donné son surnom de dame blanche. Son nom de chouette « effraie » lui vient de son cri strident et perçant. Cela lui vaut la réputation superstitieuse de « porte malheur ». Ainsi, dans les campagnes, les gens la capturaient au piège à poteau : fortes mâchoires de fer disposées au sommet et qui se refermaient lorsque l’oiseau s’y posait. Cela lui brisait les pattes et la maintenait suspendue, tête en bas l’entraînant dans une lente agonie. C’est alors qu’on la clouait sur les portes des granges pour « conjurer le mauvais sort« .
Aujourd’hui, elle dérange encore certaines personnes par ses chuintements sonores, sa plainte aigre en vol et ses pelotes de débris inconsommables rejetées dans le gîte après la digestion des proies. Dans nos cadres de vie compulsivement nettoyés, ripolinés et aseptisés, un petit coin pas absolument propre est souvent mal supporté. Les hirondelles des fenêtres sont également victimes, ça et là, de cet excès.
On l’appelle aussi l’effraie des clochers en raison de son habitude à nicher dans les clochers. Elle construit aussi son nid dans les ruines, les trous des arbres et les crevasses des rochers, les granges et les fermes.
Reproduction
Période de nidification : Mars à juillet.
Nombre de couvaisons : une couvée par an, très rarement deux.
Nombre d’œufs : 4 à 7 œufs blancs.
Incubation : 4 et 5 semaines
Nid : elle n’utilise pas de matériau de construction, les œufs sont souvent pondus au milieu des pelotes de réjection.
Aire de répartition
Elle a une répartition mondiale, excepté le nord-est palé-arctique (Russie) Il existe cependant un grand nombre de sous espèces, mais il n’y a qu’une seule sous espèce présente sur le territoire français. Selon la Ligue de Protection des Oiseaux, il resterait en France entre 20 000 et 50 000 couples. De nature sédentaire, elle ne migre qu’exceptionnellement en cas de manque de nourriture.
Menaces
Commune et répandue dans le passé, cette espèce a vu ses effectifs baisser depuis des années. Les vieilles granges agricoles disparaissent ou sont transformées, les ouvertures de clochers sont en grand nombre grillagées contre les pigeons, les rongeurs trop systématiquement éliminés par empoisonnement…
La circulation routière fait le reste en tuant beaucoup de ces chouettes volant bas au cours de leur chasse qui les oblige à traverser de nombreuses routes. En France, le nombre d’Effraies tuées annuellement sur la route est de l’ordre de 10 000 à 20 000, voire plus.
Comme l’effraie se nourrit quasi exclusivement de petits mammifères, les hivers très rigoureux et un manteau neigeux prolongé sont fatals à un grand nombre d’individus. Leur aptitude à accumuler une réserve de graisse est limitée et ne permet pas de supporter un jeûne de plus de neuf jours. Il est particulièrement important dans ces cas-là de laisser des accès dans les granges, les remises et d’autres bâtiments abandonnés, où elles peuvent trouver de petits rongeurs.
Enfin, l’Effraie des clochers peut également s’électrocuter avec des fils électriques, l’électrocution représente selon les pays de 2 à 8 % de la mortalité de l’Effraie. Elle peut aussi entrer en collision avec des fils barbelés.
Statut de Protection
En France, l’Effraie des clochers a été protégée dès 1902 en tant qu‘oiseau utile à l’agriculture du fait de sa destruction active de rongeurs puis elle a bénéficié d’une prohibition de la chasse grâce à l’arrêté ministériel du 24 janvier 1972 relatif aux espèces dont la chasse est prohibée.
Aujourd’hui : L’Effraie des clochers bénéficie d’une protection totale sur le territoire français depuis l’arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire. Il est donc interdit de la détruire, la mutiler, la capturer ou l’enlever, de la perturber intentionnellement ou de la naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids et de détruire, altérer ou dégrader leur milieu. Qu’elle soit vivante ou morte, il est aussi interdit de la transporter, colporter, de l’utiliser, de la détenir, de la vendre ou de l’acheter.
Le saviez vous ?
L’effraie a été introduite aux Seychelles pour y détruire les rats. Elle a trouvé plus facile de se nourrir des oiseaux rares locaux. A présent, on cherche à l’éliminer…
Sources
http://www.oiseaux.net/oiseaux/effraie.des.clochers.html Le statut juridique des oiseaux sauvages en France, Ligue de Protection pour les oiseaux La Chouette effraie, Jean-Louis Vallée, Editions Delachaux et Niestlé