Sumatra, entre jungle et lac

Mai 25

 

Départ de Bali et arrivée à Sumatra

3 heures de bus pour rejoindre l’aéroport, puis deux vols avec la compagnie LION AIR (la compagnie qui se pose dans la mer plutôt que sur une piste d’aéroport ^^), puis un trajet de 4 heures en pick up sur une route semi chaotique avant d’arriver vers 23h à Bukit Lawang, petit village posé au bord de la jungle.

 

Aperçu de ma chambre, vue sur la jungle

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Cette forêt est protégée au titre de Parc National Gunung Leuser. On y trouve 8 espèces de primates, des tigres, rhinocéros, pangolins, léopards et même des cobras. Tous ces animaux sont rares et très durs à observer. Cependant, les Orangs-outans protégés depuis 1970 sont fréquents à la lisière Est du parc, soit aux abords de Bukit Lawang. On recense environ 500 individus. Avec une autre zone située à Bornéo (Malaisie et ) c’est l’un des derniers habitats de ce plus grand mammifère arboricole du monde.

Orang-outan signifie « homme de la forêt ». Même si nous partageons à 97 % le même patrimoine génétique, il est le grand primate le plus éloigné de l’homme. Il existe deux sous-espèces d’Orang-outan, l’une est à Bornéo et l’autre à Sumatra. Elles sont toutes les deux sur la liste rouge de l’IUCN dans la catégorie « en danger » et « danger critique ». Le déclin démographique est très rapide et uniquement dû à l’activité humaine : déforestation, champs de palmiers pour l »huile, trafic d’animaux et revente des bébés sur les marchés … Essayez d’éviter les aliments avec huile de palme lorsque vous faites vos courses, dénomination dans les ingrédients « palme oil, vegetale oil » (je sais, ce n’est pas simple …)

A Bukit Lawang, un centre de réhabilitation a été créé par une organisation Suisse en 1973 afin de réacclimater les primates à la vie sauvage après une période de captivité ou un déplacement dû à la déforestation. Cette initiative a été fortement soutenue par le WWF (World Wildlife Fund). Plus de 200 Orangs-outans ont été réintroduits. Anciennement des animaux de compagnie, ils réapprennent à trouver leur nourriture, construire des nids (oui, des nids !), à grimper dans les arbres … Une plate forme a été construite afin d’y distribuer de la nourriture deux fois par jour. Cela permet d’aider les femelles allaitantes et les plus fragiles.

 

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Le WWF s’est opposé aux constructions des premiers logements pour touristes en 1976, exposant les Orangs-outans a de nombreuses maladies. En 1980, le gouvernement Indonésien évince WWF et prends le contrôle du centre de réhabilitation mais malheureusement le néglige.

Parmi les problèmes : le comportement des touristes qui ne respectent pas les règles de base, à supposer que leur guide leur en ai parlé. Ces derniers veulent toujours approcher de près les animaux, en oubliant qu’ici, nous ne sommes pas au zoo et que ce sont bien des animaux sauvages. Il y a parfois des attaques, notamment de la fameuse femelle nommée Mina, qui peut se montrer très agressive et qui en a mordu plus d’un. Les touristes veulent également donner de la nourriture, et transmettent ainsi leurs germes qui représentent une menace élevée de maladie, en particulier auprès des bébés (mortalité infantile de 75%). Par ailleurs, un Orang-outan porteur de germes humains ira contaminer le reste de la population totalement sauvage qui est extrêmement vulnérable.

Les guides, ne souhaitant pas vexer les touristes, n’interviennent que rarement, et c’est vraiment dommage. Évidemment, les touristes assurent des fonds pour le parc (puisque l’entrée est payante) mais le détruisent en retour. Les guides eux-mêmes distribuent des bananes ça et là, supprimant tout instinct sauvage de ces animaux et détruisant les travaux de conservation. J’avoue que ça m’a vraiment déçue.

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Le bon comportement

  • Choisir un guide qui ne nourrit pas les animaux et qui vous le certifie avant le trek
  • Ne pas se rendre dans la jungle si l’on est malade (rhume …)
  • Rester minimum à 10 mètres des animaux, et ne pas les approcher ou essayer de les toucher comme j’ai pu en voir certains !! Autant que possible, rester silencieux,

 

Dans la jungle, il est même possible de rencontrer des espèces bien de chez nous. Nous avons la dinde qui glousse toutes les 5 minutes avec ses autres dindes de copines, et qui ne sait même pas respecter le silence d’un lieu pareil. La dinde fume durant le trek, se prends en photo à côté de toutes les bêbêtes possibles, et lâche des ‘OH MY GOD » à n’en plus finir.

Elle est très copine avec le blaireau, qui lui s’amuse à secouer les lianes pour faire descendre les animaux, à tapoter son Ipod, et à prendre des photos avec flash. Il aime aussi parler fort, et tape dans les mains ses congénères en version « YES MAN !! »

 
 

Mon Trek dans la jungle à la rencontre des Orangs-Outans

Partis tôt le matin avec mon guide et mon pote de vadrouille Singapourien (bien sympa, mais je ne me rappelle plus de son nom, oups !), nous entrons dans la jungle du Parc National Gunung Leuser. Premières impressions : c’est moins terrible que ce à quoi je m’attendais. Ok, la chaleur est pesante, le degré d’humidité très élevé, le dénivelé positif et négatif mettront à plat mes genoux, mais je suis allée jusqu’au bout !

Le trek commence par plusieurs heures de marche dans cette jungle hostile, où pour mon plus grand bonheur, les fourmis grouillent de partout. Elles sont rouges, grosses, et peu commodes. La piqûre du mâle est mortelle. Mon guide prends une femelle sur sa main et cherche un volontaire pour en faire autant. Non merci …

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A mesure que nous progressons, je comprends que le terrain ne sera jamais plat : ce sont uniquement des montées et des descentes abruptes. C’est pour moi super difficile mais j’avance sans tomber ! Le terrain est un peu boueux, et il faut parfois s’agripper à une liane et se faire balancer de l’autre côté pour continuer. C’est littéralement l’aire de jeu de Tarzan.

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Sur le chemin, nous rencontrons des Thomas Leaf Monkey (Presbytis thomasi) ! Ils sont magnifiques avec leurs petites crêtes de punk ! C’est une espèce endémique à Sumatra. Je prends quelques photos mais j’aime aussi rester tranquille pour les observer sans avoir l’œil braqué sur mon appareil. Mon guide se pose des questions : « Take pictures !! Take pictures !! »

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Un peu plus tard, nous croiserons quelques Macaques Crabiers (Macaca fascicularis), assez communs, mais aussi un paon d’un bleu superbe. Il parait que nous sommes chanceux ! Pas de photo car luminosité trop faible.

Alors que le guide nous interpelle car nous sommes à la traine et qu’un Orang-Outan est là, nous arrivons enfin et voyons notre tout premier Orang-Outan … entouré d’un autre groupe de touristes. Effectivement il est à peine à deux mètres du groupe, en bas de l’arbre. C’est une femelle et son petit qui quémandent de la nourriture. Un touriste s’approche tout près et demande à ses amis de le prendre en photo. Aussitôt, la femelle est effrayée et remonte dans l’arbre. Au total, nous l’aurons entraperçue 10 secondes. Ce même type tente de la persuader de revenir avec un bout de banane. Evidemment je ne tiens plus et demande à mon guide de réagir, ce qu’il fera mollement et seulement parce que je le lui ai demandé.

A la suite de ça, je deviens un peu suspicieuse envers mon guide. Il m’a été recommandé par l’endroit où je suis logée (GARDEN INN, très bien au passage) mais j’ai quelques doutes.

Nous croisons Mina, la fameuse femelle Orang-outan connues pour ses nombreuses attaques et surnommée à juste titre « Star de la forêt ». J’étais bien contente de la croiser, encore plus qu’elle soit restée calme ce jour là. Mon guide nous montre une énorme cicatrice au mollet, l’œuvre de Mina il y a quelques années. Ancien animal de compagnie tenu en captivité, elle réclame de la nourriture et pour cela peut se montrer extrêmement agressive.

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Le repas de midi est bien mérité, tout le monde a besoin d’une pause. Au bord de l’eau, on dévore notre Nasi Goreng préparé par la femme du guide, tout en observant l’étrange tortue (très dur de retrouver le nom de cette espèce !) présente dans le bassin naturel. C’est une « Asiatic softshell turtle« . Quelle chance aussi d’en voir une !

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L’après midi nous permettra d’observer des Orangs-outans en hauteur, se déplaçant tranquillement de branches en branches, regagnant parfois leurs énormes nids.

En revanche, nous ne nous attendions pas à voir des gibbons noirs. Mon guide n’en croise qu’une à deux fois par an. Ces derniers furent très familiers, marchant près de nous à ras du sol ou sautant au dessus de nos têtes. Après quelques photos, nous voulions avancer afin de ne pas les exciter davantage, mais mon guide a sorti quelques bananes de son sac. Avec le Singapourien, on s’est échangé un retard de stupéfaction : pourquoi ? Les gibbons déchainés se sont aussitôt mis à courir vers nous, l’un d’eux s’est agrippé à mon mollet. Et là, ça ne plaisante plus car s’il me croque, bonjour les dégâts !

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Une fois le gibbon parti, nous avons progressé tandis que le guide était en train de nourrir des animaux totalement sauvages, qui ne croisent que rarement des groupes de touristes. Cela implique plusieurs choses : en les nourrissant, il brise leur instinct sauvage, les expose à des germes auxquels les gibbons n’ont probablement jamais été en contact auparavant, et ne respecte pas les règles qui sont normalement imposées aux guides ! Ces gibbons auront tendance à revenir vers l’homme pour réclamer, et pourront être agressifs. Peut être mon guide pense t-il ajouter une attraction supplémentaire en nourrissant des animaux ça et là qui reviendront lors de prochains treks ? Je trouve cela inadmissible !

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Nous poursuivons, avec des descentes et des montées vraiment difficiles et techniques, j’ai l‘impression de transpirer jusqu’au bout des cheveux ! Une session de tubing nous attends afin de regagner Bukit Lawang. Le tubing consiste à se laisser descendre sur l’eau grâce à une grosse bouée, et avec le courant, c’est plutôt fort en sensation. Nous arrivons trempés mais bien contents !

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Les enfants s’essaient au tubing à un endroit calme

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J’ai également visité le lendemain la grotte aux chauves souris, où des milliers de Murins (trop mignonnes) recouvrent les parois, ainsi que quelques étranges créatures … Je n’ai pas pris de photos avec flash, j’ai utilisé ma lampe. Elle n’était pas assez puissante pour prendre en photo les chauves souris, mais ce n’est pas bien grave car je ne voulais pas les déranger.

Un des ponts en mode Tomb Raider pour accéder de l’autre côté de la rivière

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Une maison sur pilotis à la lisière de la jungle

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A la sortie de la grotte

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Un bonbon à celui qui trouve le nom de cette bébête !

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Bukit Lawang a connu une énorme catastrophe en 2003. Une crue décrite comme un raz-de-marée de boue a dévasté le village, emportant la plupart des habitations construites aux abords de la rivière. Cela s’est déroulé au milieu de la nuit alors que tout le monde dormait. 239 personnes ont été tuées et de nombreux enfants se sont retrouvés orphelins. Une Hollandaise a créé un orphelinat (très joli), l’on peut le visiter et y faire un don. Beaucoup des jeunes avec qui j’ai sympathisé n’ont plus ou presque plus de famille. Ils ont mon âge, ont toujours le sourire, et vivent par ci par là du tourisme … Devant ce genre d’existence, on met sa névrose en sourdine et on est rassuré par nos soucis qui sont finalement si petits. Ce drame est imputé à la déforestation.

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En savoir plus

Orang – outan sur Wikipédia

Sumatra Orangoutan Society

Information sur le centre de réhabilitation

 
 
 

Quelques jours plus tard, j’enchaine ma seconde destination sur Sumatra : le Lac Toba.

Ça se mérite : 8 heures de route pour se rendre à l’embarcadère de Parapat, puis 1h de bateau pour se rendre sur l’île de Samosir.

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Cet endroit est très différent de tout ce que j’ai pu voir jusque là en Indonésie. Les paysages, la végétation, le relief …  Bref, j’ai loué un scooter afin de mieux explorer cette île qui en vaut vraiment le détour. Siège de la culture Batak (ethnie de Sumatra), il aurait été dommage de ne pas visiter le petit musée ainsi que l’ancien village qui présente quelques maisons typiques aux toits pointus.

Cela se perd, mais une partie des habitants vivent encore de manière traditionnelle.

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Un peu bizarre, non ?

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Le long de la route, il est facile d’avoir de jolis points de vue sur le lac (le plus grand lac volcanique du monde, soit 100 km de long sur 30 km de large), ou bien de longer des rizières, de croiser des buffles ou des petites chèvres.

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Vous ne trouvez pas que celle-ci ressemble à la chèvre de Monsieur Seguin ?

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Durant mon séjour ici, j’ai eu un petit coup de fatigue, alors j’ai surtout passé mon temps à préparer mon futur mois en Thailande, étudier mon itinéraire, sans forcer sur les visites des alentours. J’ai passé pas mal de temps à bavarder avec un trader Russe, une rencontre plutôt insolite.  Puis retour sur l’affreuse ville de Medan, où m’attends une chambre sans fenêtre près de la Mosquée (mosquée = réveil assourdissant à 5h du matin) Pas de problème, je dois me réveiller vers 4h30. Direction l’aéroport en ojek (moto taxi), mon chauffeur est peu réveillé mais de bonne humeur 🙂

 

Vue sur Medan

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Ambiance dans la ville

 

Mon chauffeur et son porte bonheur !

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Escale à Kuala Lumpur (Malaisie), puis arrivée à Surat Thani (Thailande) !

 

Anecdote : sur l’île de Samosir, il y a également un lac. Donc si on reprends, cela donne un lac sur une ile, qui est elle-même sur un lac, qui est lui même sur une île !

Anecdote : pour le trajet Bukit Lawang – Lac Toba, j’étais assise à l’avant à côté du chauffeur. On parle un peu, on a 8 heures devant nous. Et tout d’un coup, il me dit : « si vous voulez discuter, il faut me payer… » J’ai cru d’abord qu’il plaisantait. Du coup, aucun mot n’a été échangé jusqu’à l’arrivée. Sans parler de l’air conditionné poussé à fond qu’il n’a pas voulu diminuer. Il m’a suggéré de prendre une veste dans mon sac qui était … dans le coffre !

 
 

  ==> PHOTOS ICI <==

SUMATRA

 

7 Commentaires sur “Sumatra, entre jungle et lac”

  1. Impressionnant, je n’ai jamais vu des fourmis pareils ! Et tu dis que la piqûre du mâle est mortelle ? Tu risques de mourir à tout instant ?
    J’ai surtout tilté sur les insectes comme celui dont je ne connais pas le nom avec ses centaines de pattes !

    Mai 25, 2013
  2. C’est un scutigère la bestiole au bonbon !!!

    Ou un scolopandre.

    ALORS ALORS ?? j’ai gagné le bonbon ?

    Shanikewa
    Mai 25, 2013
    • Bravo !!! Oui, un gros bonbon, promis !

      Audrey
      Mai 27, 2013
  3. Hello Audrey! I’m russian trader from Toba) Very interesting article and photos! Maybe sometimes I will continue to write in my blog also)

    Juin 3, 2013
  4. C’est marrant ces maisons au lac Toba, ça me rappel un peu les maisons traditionnelles du pays Toraja à Sulawesi. Mais en pays Toraja, les toits sont encore plus pointus.

    Juin 10, 2013
  5. Voilà une architecture des plus originales..

    Juil 22, 2013
  6. Hello

    Je viens de lire ton post sur Bukit Lawang, j’y étais il y a quelques jours encore et je me suis fait exactement les mêmes réflexions.
    Nourrir les animaux, l attitude des touristes qui ne sont pas rappelés à l ordre par les guides…
    Néanmoins, les guides que j’ai rencontré étaient amoureux de leur jungle, fiers d être des «jungleman».
    La transition semble compliquée à mettre en place que ce soit sur le plan économique écologique.
    Mais j’en garde de très bons souvenirs même si je suis restée sur ma faim niveau trek.

    Elisabeth
    Juil 27, 2017

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