Les derniers pas …

Juin 24

Après l’aventure Ganesha, je fais donc demi-tour et reviens sur la ville de Kanchanaburi, avant de rejoindre Bangkok quelques jours plus tard.

A priori, que y a-t-il à faire à Kanchanaburi ? A part la partie historique du chemin de fer de la mort (Death Railway), pas grand-chose. Et bien ne souhaitant pas arriver à Bangkok tout de suite, j’ai pris la peine de me poser ici, de me dénicher une petite chambre « flottante » à un bon prix, et d’en profiter pour analyser mon voyage. Je suis proche du retour, le moment est au bilan.

On me demande si je ne suis pas trop triste de rentrer : hé bien pour le moment pas du tout ! Je suis un peu inquiète du contre coup, car je suis émotive et nostalgique, et je pense que passé l’excitation du retour, je risque d’avoir le blues. Le seul remède : reprendre la route !

Ce projet My Bubbles World, initié par moi-même, aurait eu beaucoup de mal / n’aurait pas pu voir le jour sans le soutien de mon compagnon. C’est l’homme de l’ombre, le pilier qui a été indispensable à la réussite de ce projet. J’ai été très chanceuse d’avoir pu compter sur lui durant tout ce temps, et je ne lui ai pas assez dit merci.

Beaucoup de gens rencontrés sur la route, après avoir annoncé que mon copain est resté en France et qu’il m’attend durant un an, se sont montrés septiques et / ou moqueurs. C’est d’abord blessant, et à la longue très fatiguant. La plupart n’y croient pas vraiment. C’est peut être rare, mais c’est pourtant le cas. C’est probablement très égoïste de ma part, mais il me fallait réaliser ce rêve, voyager, errer un an autour du monde, accomplir ce projet. Sans ça, j’aurai été frustrée toute ma vie, et je ne crois pas que cela soit très sain de s’empêcher de réaliser quelque chose pour une relation.

Je crois être très chanceuse, car il m’a soutenu du début à la fin, et avec beaucoup de générosité, sans jamais me faire culpabiliser. Il sait très bien que pour me garder, il faut savoir me laisser partir, et ne jamais me mettre dans une cage, toute dorée soit-elle. Etre séparé un an, c’est un véritable challenge pour un couple, un peu comme se mettre au banc d’essai, au risque que ça passe ou ça casse.

Je considère que si c’est le bon pour la vie, il saura m’attendre un an, sinon c’est que je n’ai rien perdu. Intransigeante, excessive, passionnée et peut être idéaliste. Et au résultat, je vis avec quelqu’un d’exceptionnel.

Fermons la parenthèse vie privée pour retourner à Kanchanaburi.

Cette ville compte un fort taux de prostitution, et c’est une « drôle » d’ambiance que donnent les bars à filles, et tous ces hommes « rougeots bedonnants » avec une jeune femme de moitié moins leur âge se promenant à leur bras. Ils restent le temps du séjour parfois avec la même Thaïlandaise, ou en change tous les soirs. Selon l’envie. C’est fou comme ils se ressemblent tous, et pour y aller franco, la seule expression qui me vient en tête quand je les vois, c’est simplement des « vieux dégueulasses ». Je ne saurai comment les décrire, mais il est clair que ce ne n’est pas le genre d’homme par lequel on a envie d’être abordée. Ils m’ont dégoutée. Point commun : ils ont tous le « marcel« , allez savoir pourquoi. Ils marchent comme des crapauds, ne valorisant pas leur bedaine déjà conséquente. Bref, c’est aussi ça la Thaïlande !

De mon côté, je tombe par hasard sur un petit resto végétarien qui propose des cours de cuisine : c’est parti !

 

Massaman Curry (pas de photo, j’ai oublié tellement j’avais faim)

Pad See Ew

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Salade Papaye Epicée

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Ce sont les meilleurs plats que j’ai pu manger en Thaïlande, et rien à voir le fait que je les ai cuisinés. Ce sont la diversité d’ingrédients proposés et le coup de main d’Isaan, la chef, qui ont tout fait.

 

Étape importante le lendemain, je décide me rendre à Elephant World. C’est un centre de repos pour les éléphants où j’avais décidé de ne pas rendre en tant que volontaire car il faut rester minimum 1 mois (trop long pour rentrer dans mon planning)

Par curiosité, j’y suis allée une journée en tant que touriste lambda. Et je ne regrette pas du tout, ce fut une super expérience, et je peux du coup vous orienter vers ce centre qui est génial. J’ai pu discuter avec des volontaires, Français entre autre, et tous sont ravis.

De mon côté, ma journée fut extraordinaire : rencontre des éléphants, distribution du maïs pour s’en faire des copains   🙂

Un éléphanteau récupéré récemment, détenu jusque là dans de très mauvaises conditions. Un couple de touristes a volontairement racheté l’éléphanteau et l’a envoyé à Elephant World.

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C’est l’heure du casse croute !

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Nous préparons ensuite le sticky rice (riz collant) avec de la citrouille pour nourrir les vieux éléphants qui n’ont plus beaucoup de dents, voire plus du tout. Il leur faut donc du riz bien cuit. Nous en ferons plus tard des sortes de boules roulées dans une poudre servant de complément alimentaire. J’ai été épatée par l’attention portée aux éléphants et à ce « côté pro ».

Un volontaire nous guide à travers le site et nous fournit quantité d’informations. Il est motivé et très sympa. Premier élément : Elephant World possède un grand terrain, certains éléphants font leur petite vie au loin, tandis que d’autres ont l’appel du ventre et nous tournent très vite autour lors de la distribution de nourriture.

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Un éléphant tranquille dans un pré

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Un autre plus gourmand

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Distribution des boulettes !

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Après le déjeuner, nous nous rendons en fourgonnette dans une bananeraie, à quelques kilomètres à peine d’Elephant World. Les employés coupent les tiges et les grandes feuilles, et nous, touristes et volontaires, les récupérons pour les entasser dans la benne. Ce n’est pas physique, c’est juste la chaleur qui est pesante. Perso, je me suis faite croquée par les fourmis rouges : comme une idiote, je n’avais pas prévu de baskets mais uniquement des tongs. Et ça fait mal !

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Le reste de l’après midi est consacré au bain avec les éléphants (mon moment préféré), juste au moment où s’est déclenchée une grosse pluie. Trempés de chez trempés ! Sans parler de l’éléphant ado qui s’amusait à me foncer dessus et me faire tomber à l’eau. J’ai ressenti un peu de peur car il était tout fou et je ne faisais pas vraiment le poids. A cet âge là, ils veulent jouer mais ne sentent pas leur force.

Je m’amuse à lever la jambe le plus haut possible, autant que la trompe de l’éléphant. C’est un petit jeu difficile, d’autant plus que l’éléphant cherche toujours à sortir sa trompe plus haut au fur et à mesure !

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Bref, la journée s’est conclue avec le sourire d’Agnès, la gérante du centre, et je me suis promise de créer une fiche, même sans avoir été volontaire. Ce centre, ainsi qu’Elephant Nature Park vers Chiang Mai, sont deux valeurs sûres.

 

L’équipe de la journée

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Petit paragraphe sensibilisation

Il est important d’être informé avant se rendre dans un camp à éléphants. Beaucoup de touristes ne savent pas comment l’éléphant a été dressé, et comment il réussit à effectuer des numéros aussi stupides que la réalisation d’un tableau de peinture à l’aide d’un pinceau, d’un numéro de foot, d’un massage, parfois même de tour complètement ridicule (tricycle …)

Vous vous en doutez, je suis contre et pour plusieurs raisons :

  • D’abord, les éléphanteaux, prélevés dans la nature ou nés dans des camps, sont arrachés très tôt à leur mère pour pouvoir être dressés. Et les méthodes sont malheureusement cruelles. Cela se déroule un peu de la même façon partout en Asie du Sud Est. L’éléphant étant un animal bien plus puissant que l’homme, il s’agit de ne prendre aucun risque. L’éléphanteau est mis dans une cage minuscule où il peut à peine bouger, y est maltraité pendant des mois, isolé de tout congénère. Et quand je dis maltraité, cela signifie qu’il reçoit des piques pointus qui lui traversent la peau, des sévices en tout genre (étranglement, privation de nourriture, de sommeil …), jusqu’à qu’il soit brisé psychologiquement et soumis à l’homme. Tout est basé sur la punition. Il n’y aucune autre manière de dresser un éléphant. 50% des éléphants meurent de ce dressage : soit de septicémie, soit ils deviennent incontrôlables et sont abattus ou alors ils se suicident par asphyxie en fermant la bouche et se couchant sur leur trompe.
  • Tout sa vie, l’éléphant sera menacé par le « daco », l’objet que vous verrez à la main de tous les Mahouts. Malheureusement, même les mahouts travaillant en centre de repos y ont recours, juste pour impressionner l’éléphant, mais normalement ne l’utilisent qu’en dernier recours. C’est un objet doté d’un manche en bois, et dont l’extrémité en métal comporte un bout très pointu, une sorte de crochet, qui est destiné à frapper l’éléphant au dessus de la tête. C’est extrêmement douloureux. Si vous faites un trek à l’éléphant, vous pourrez constater les énormes cicatrices.
  • Les tours enseignés aux éléphants se font donc dans la peur et la douleur. Une fois soumis, ils effectuent des tours contre-nature (faire le poirier, s’asseoir, marcher sur les genoux) ce qui est très mauvais pour leurs articulations. Nombre de ces animaux meurent prématurément des suites de complications aux niveaux des membres. Il est fréquent de retrouver ces numéros dans nos cirques européens.
  • Utiliser l’éléphant à des fins de distractions aussi stupides que celles-ci est simplement dégradant et rabaissant. L’éléphant n’est pas un jouet (tout comme n’importe quel animal) et cela ne l’amuse pas d’être là. Cela n’amuse que nous, c’est un spectacle triste et cruel.
  • Les camps à éléphants qui ne proposent pas de shows ne sont pas forcément mieux. Les éléphants ont été brisés de la même manière pour subir toute la journée des treks avec des touristes sur leur dos sans pour autant broncher.

Je pourrais développer davantage et davantage, il y a tant à dire, tant d’exemples à donner, mais j’en écrirai encore un pavé, et tout le monde serait démoralisé. Pour ceux qui sont intéressés, je vous invite à faire par vous-même vos recherches, et à visionner d’autres vidéos : il faut avoir le cœur bien accroché. Ne vous forcer pas à la regarder en entier si vous êtes déjà sensible.

 

Comment agir ? Boycottez toutes formes d’attraction de ce genre, ne vous rendez que dans un centre du type Elephant World ou Elephant Nature Park (la référence en Thaïlande), idem pour les fermes à crocodiles, temples du tigre … qui sont des horreurs. Encore mieux, informez votre entourage   🙂  

 
 

   ==> PHOTOS ICI <==

 

7 Commentaires sur “Les derniers pas …”

  1. Ton article m’a touché pour deux aspects distincts :
    – je suis moi aussi partie seule en voyage durant 9 mois, mon compagnon restant en France, ne partageant pas la même passion. Comme toi, j’ai été témoin du scepticisme et du jugement de mes proches mais comme toi, il a été d’un soutien précieux et inconditionnel tout au long de mon périple. Le retour a été plus compliqué et nous nous sommes finalement séparés quelques semaines plus tard mais, toujours en étroit contact aujourd’hui, nous ne regrettons rien de cette période très riche de part et d’autre ;
    – merci de tes dernières lignes concernant le dressage et la torture que subissent les éléphants pour faire de jolies photos aux touristes. Trop peu de personnes y sont sensibilisées, beaucoup préfèrent fermer les yeux sur cette pratique. Pour autant, comment croient-ils que l’éléphant passe ainsi de l’état sauvage à l’état domestique?? ….
    Je te souhaite un bon retour, soigne le comme tu as soigné ton départ 🙂

    Juin 24, 2013
    • Merci beaucoup 😉

      Audrey
      Juin 25, 2013
  2. Bonjour Audrey,
    Voici plus d’un an de voyage, je crois. Bravo, c’est un beau périple ! Je cherchais, il y a un an, les sites alliant voyage autour du monde et environnement et je suis tombé sur ton site… la veille de ton départ ! Je serai intéressé par le résultat.
    J’aime beaucoup l’image de Lilly t’invitant à soigner ton retour comme tu as soigné ton départ.
    Bonne fin de séjour et à bientôt

    Damien
    Juil 7, 2013
  3. Quelle sacrée expérience, tu peux être fier de ce que tu as réalisé.
    J’imagine que les éléphants te manquent énormément.
    Merci pour cette leçon de vie,
    Arnaud,

    Juil 12, 2013
    • Merci pour ton message 🙂

      Audrey
      Juil 12, 2013
  4. Il y a aussi Elephant Nature Park près de Chang mai qui est très bien. La femme responsable de ce site est une ennemie du gouvernement (ou était, je ne sais pas ce qu’il en est, j’y suis allée en 2009) car elle divulguait les sévices que subissaient les éléphants utilisés pour les touristes.
    http://www.elephantnaturepark.org/
    Dans ce centre, qui accueille aussi chiens et chats, il y a des programmes pour 2/ 3 jours ou 1 semaine.

    (merci pour votre blog, demoiselle)

    pioupiouette
    Juil 20, 2013
    • C’est écrit dans cet article, je donne également le lien vers le site internet d’Elephant Nature Park. Mais merci de le rappeler, c’est effectivement un excellent centre, et cette dame est très courageuse 🙂

      Audrey
      Juil 20, 2013

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