Objectif Grizzlis – Stewart

Août 15

Première journée à Prince Rupert : soleil évidemment ! Petite Ville, beaucoup de restos chinois (ils sont vraiment partout !) et un petit port charmant. En 3 heures à peine, le tour est fait.

Je dois trouver une solution pour me rendre à Stewart le lendemain (440 kilomètres de là) mais pour le moment, le ventre crie famine. Alors que je me renseigne auprès d’une dame pour trouver un endroit raisonnable pour manger, elle ne me laisse pas le choix : sa fille Erika habite à Terrace (sur le trajet) et son gendre Kévin fait Terrace-Stewart dans la nuit (vous arrivez à suivre ?). Une véritable aubaine que je ne réalise pas sur le moment. Une adorable personne !

Le périple commence à 21H, pour 2 heures de bus. Arrivée à Terrace, je passe quelques heures dans leur canapé sans fermer l’œil, et repart avec Kévin à 4h00 du matin. Il me dépose à Stewart à 7h30 chez Christine et Jean Louis. Les gens sont vraiment bienveillants avec moi, j’ai beaucoup de chance. C’est complètement assommé que je fais la connaissance de Christine qui sera ma guide naturaliste pendant 2 jours. Une rencontre qui marquera assurément mon voyage.

Cela a été aussi l’occasion de rencontrer Jean Louis Imbs, fondateur du BRIC (BEAR RIVER INTERPRETIVE CENTER) et naturaliste passionné. Conférencier en France et au , il défend la cause des ours et a décidé de s’engager en 2010 à Stewart en créant un centre d’interprétation des ours. La problématique est véritablement complexe.

Entre la réduction du nombre de grizzlis, ours noirs et ours polaires, l’affection de leurs écosystèmes et l’activité humaine incontrôlable, il y a urgence. D’autant plus que peu de personnes se mobilisent. La prise de conscience en Colombie Britannique est très lente malgré leur patrimoine exceptionnel.

Alors que cette biodiversité s’érode aux yeux de tous mais en silence, un projet vient tristement d’être annoncé : la construction d’un pipeline partant de l’Alberta (région du Canada) pour ensuite meurtrir les plus belles zones de la Colombie Britannique. La construction en elle-même n’est pas le plus redoutable comparé aux risques encourus si le pipeline venait à se briser. Ce sont des milliers de tonnes de pétrole qui s’écouleraient ainsi dans les rivières et qui signeraient l’extinction définitive de nombreuses espèces faunistiques et floristiques.

La rentabilité du pipeline justifie une prise de risque dite « sous contrôle » aux yeux du gouvernement Canadien. Les enjeux économiques sont énormes, sans parler de la création d’emplois générée favorisant le fait que les habitants soient peu réceptifs aux enjeux environnementaux.

Seuls les Natives (population Indienne) font entendre leur mécontentement. Ayant eu l’occasion de discuter avec un chef Indien (quelle rencontre également !) de la tribu Gitxsan, ils sont malheureusement bien impuissants.

En ajoutant le fait que les éboulements sont très fréquents, comment ne pas craindre une catastrophe ? Pourquoi prendre un tel risque et au non de quoi ? L’automne dernier, la zone de Stewart a connu des éboulements et des rivières en crues ayant fait de nombreux dégâts (ponts détruits…). Cela ne s’était pas vu depuis longtemps. Les ingénieurs peuvent-ils concevoir des pipelines à toutes épreuves, même celles de la nature ? Quelle prétention !

J’ai eu « la chance » de voir de mes propres yeux cette merveilleuse nature, dont l’écriture ne peut pas retranscrire les lumières et les couleurs. En une journée, vous pouvez voir grizzlis, ours noirs, bald eagles, marmottes, différentes oies (bernaches…) En Août et Septembre, c’est le spectacle de la remontée des saumons.

Nous nous sommes rendues avec Christine à Fish Creek (situé en Alaska, commune de Hyder, à 5 minutes de Stewart), lieu populaire pour l’observation des saumons en bout de course et surtout des grizzlis qui viennent s’en nourrir. Vu de plus en plus rarement, c’est pourtant 4 ours qui, les uns après les autres, sont venus croquer du saumon avant de repartir dans les fourrés de la forêt boréale.

Tout d’abord, un jeune mâle de 2 ans ½ environ, qui longeant la rivière, a préféré manger « les restes » sur la berge. Il est vrai qu’à ce stade, il est si facile de manger du saumon que les berges font allure de buffet où chacun y grignote son morceau préféré.

Plus de photos d’ours => ici <=    Elles sont assez floues, un ours, ça bou(ff)ge énormément !

C’est ensuite une maman avec son ourson qui en ont fait autant. Prudente, elle n’est pas restée très longtemps. Elle avait probablement senti le gros mâle qui est arrivé juste après. Il est à noter que ces ours vivent proches les uns des autres mais n’aiment pas se côtoyer directement. Ils évitent ainsi toute confrontation possible.

 Vidéos dans un prochain article !

Au même endroit, nous avons aperçu plusieurs « bald eagles » dont deux juvéniles (plumage brun foncé). Voir les saumons qui puisent leurs dernières forces afin de remonter encore quelques dizaines de mètre est un spectacle surprenant. Certains sont déjà bien abimés.

Fish Creek est un lieu qui pourrait être utilisé comme indicateur de biodiversité au vu du nombre d’interaction. Ces dernières années, phénomène nouveau, le nombre de saumons a nettement diminué.

 

Plus tôt dans la journée, nous nous sommes rendues à Salmon Glacier. Après en avoir entendu parler comme l’un des plus beaux glaciers du monde, il fallait que je voie ça ! Et c’est vrai qu’il est immense. Une journée ensoleillée à nouveau, occasion rare de voir le glacier dans toute sa splendeur.

Christine et moi entamons une petite marche dans la prairie alpine en prenant soin de suivre, si possible, des sentiers déjà empruntés. Au sommet d’une colline, c’est un tapis de fleurs multicolores qui nargue les 10 mois de neige annuels. Comme un clin d’œil à l’impossible.

La végétation est nanifiée et donne par moment une impression de jardin japonais. L’eau cristalline des petites sources et ruisseaux finissent de nous combler.

C’est ainsi tout cet écosystème qui est menacé par les activités minières et pétrolières. Comment contrer ? Pas de solution à l’heure actuelle. Je suivrai les actualités par le biais du BRIC et de Jean Louis & Christine dans leur combat.

Un merci très spécial pour cet accueil chaleureux, la découverte de votre univers et le partage de tant de lieux et d’anecdotes.

 

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STEWART ?

Stewart en Colombie Britannique est une petite localité qui se situe au fond du Portland Canal, un fjord long de 140 km. Cet endroit est la porte d’entrée de la Tongas National Forest, classé « National Monument » par les Etats-Unis. La route n’a été ouverte à la circulation qu’il y a 35 ans. La frontière avec l’Alaska est à cinq minutes à pied.

 

8 Commentaires sur “Objectif Grizzlis – Stewart”

  1. Tu vas finir par arriver à me faire quitter l’hémisphère sud pour voyager dans le nord avec ces posts !

    Petite question au niveau des ours. Quand tu les observes dans un cadre naturel, en liberté, à quelle distance te trouves-tu, et quelles précautions prends-tu pour éviter tout accident ? Quel est le danger réel que peuvent présenter ces rencontres ?

    Pour clarifier ma pensée, par « danger réel », je veux vraiment parler du risque d’un point de vue pragmatique, tel qu’il est en situation, plutôt qu’en termes de danger perçu, factuel mais théorique. Par exemple en Australie les serpents sont un danger perçu très élevé (ils sont extrêmement venimeux et nombreux, c’est un fait), mais le danger réel est très faible car ils ne sont pas agressifs et adoptent une réaction de fuite lors des rencontres. Qu’en est-il avec les ours ?

    Août 16, 2012
    • Très intéressante ta question, et le fait que tu fasses la différence entre danger réel et danger perçu me fait plaisir dans le sens où peu de personnes prennent la peine d’y réfléchir.

      Comme de nombreuses espèces sauvages, l’ours n’échappe pas à la règle : il évite le conflit et fuit à la vue de l’homme. Deux cas où l’ours peut se montrer agressif plutôt que de chercher à s’enfuir : une femelle avec ses petits peut attaquer / un ours qui est surpris au détour d’un sentier et qui ne nous a pas entendu aussi.

      Pour cela, il est déconseillé de randonner seul car il faut faire un peu de bruit (bavardage propre à l’humain :-). Pour ma part, je tapais des mains, sifflotais, chantais (on a l’air bête mais c’est sécuritaire). J’en ai entendu un détaler à moins de 30 mètres de moi, je n’avais pas du faire assez de bruit … Il existe des clochettes à accrocher à son sac à dos, c’est pas mal aussi. Enfin, il faut vraiment faire attention si on randonne dans des zones à gros buissons, où l’ours ne nous entendra pas de loin et ne nous verra pas non plus. C’est beaucoup moins risqué dans des zones dégagées. Dans tous les cas, pour les plus peureux, il existe le « bear spray », un genre de bombe anti-ours à pulvériser vers l’ours en cas d’attaque. Cette blague ! Tu te vois sortir ton spray du sac à dos au moment où l’ours te charge ? Je n’en ai pas acheté. C’est plus psychologique qu’efficace.

      Concrètement, il y a en moyenne 2 à 3 morts par an. Au vu du nombre de randonneurs … et en rapportant ça au nombre de morts sur la route …

      Toutefois, il faut respecter les consignes de sécurité moyennes : de ne pas s’approcher à moins de 100 mètres d’un ours, ne pas camper avec de la nourriture dans sa tente, ne pas s’enfuir à sa vue (il nous prendrait instinctivement pour une proie) …

      Conclusion, avec du bon sens, le danger réel est extrêmement faible : ne pas emmerder l’ours et il en fera de même 🙂

      Audrey
      Août 16, 2012
  2. Je m’émerveille devant tes photos, qu’est ce que ca doit être en vrai !

    Ton récit est super, comment ne pas etre touché…

    Audrey
    Août 16, 2012
    • On est synchro, je pensais justement à toi 😉

      Audrey
      Août 16, 2012
  3. trop bien tes avanture j aimerai faire comme toi comment faire peu tu maider et suis commercial et voulant faire quelque chose pour le monde et avoir l idee comme toi que les personnes protege la terre et la nature qui me tiens a coeur j aimerais de rencontré un de ses jours pour discuté et a nous 2 refaire le monde
    a plus 🙄 😐 😉

    tanchis raphael
    Août 23, 2012
    • Merci Raphael. Je ne rentre qu’en France en juin prochain (2013). Le meilleur conseil que je puisse te donner est de te lancer dans un projet d’une part viable et ensuite avec passion. Ne te laisse pas décourager. Associer le côté commercial et la faune sauvage est possible (les associations recherchent parfois des commerciaux, et peuvent t’embaucher en tant que salarié). Tu peux creuser la question par toi même, c’est le mieux je pense. C’est ton projet de vie ! Bon courage 🙂

      Audrey
      Août 24, 2012
  4. Tour du Monde & protection de la faune sauvage…..
    je cherche encore ce que tu fais pour proteger la faune….en vrai…en réel…qu’a tu fais a date de concret pour proteger la faune, merci.

    Joseph
    Nov 12, 2012
    • A cette date là, rien de particulier, si ce n’est indiquer quelques centres de soin sur ma route. Lis la suite, je vais être volontaires dans une quinzaines de centres de de soin de la faune sauvage. Sur un ton plus cool la prochaine fois Joseph !

      Audrey
      Nov 14, 2012

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