Petit article hors parcours, qui me permet de répondre aux questions d’Emeline et Jérome , qui voyagent également autour du monde. Très proches de la nature, la particularité de leur projet est avant tout de défier l’handicap d’Émeline qui est en fauteuil roulant. Une fois de plus, cela prouve que tout est possible. Ce couple est d’une gentillesse incroyable et donne espoir à un grand nombre de personnes. Leur projet est admirable, car il contribue également à sensibiliser les gens à l’environnement et à favoriser l’éducation scolaire.
Emeline et Jérome me donnent aussi l’occasion de répondre sur le site à des questions que je reçois quasi quotidiennement : comment j’ai trouvé les associations, etc… La question du budget revient souvent également: vous trouverez la réponse ici, en fin de pdf : clic.
1. Comment t’es venue l’idée de faire un tour du monde?
J’y songeais depuis des années, et en parcourant les blogs de voyageurs, l’idée a germé, mûri, jusqu’à prendre véritablement forme. En associant un projet d’écovolontariat, j’ai trouvé la motivation nécessaire pour monter ce voyage et rassembler toutes mes économies.
2. Y a t-il des étapes que tu voulais absolument faire? As-tu pu les intégrer à ton itinéraire?
Je ne pouvais en aucun cas manquer l‘Alaska ni la Nouvelle Zélande. Si j’avais pu, j’aurais intégré Cuba et également les Galápagos. Par manque de temps et d’argent, cela n’a pas été possible, mais soyons réalistes, ce sont des destinations qui coûtent très cher !
3. Tu fais un tour du monde autour de l’éco-volontariat, as-tu mis beaucoup de temps à faire tes recherches de stage?
C’est ce qu’il y a eu de plus chronophage dans la préparation de ce projet. Cela demande une organisation rigoureuse : recherche d’associations, vérification de leur implication réelle auprès de la faune sauvage, envoi d’emails, attente des réponses, tri entre les refus / réponses neutres / positives, et ceux qui ne répondent jamais. Puis seconde phase : relance, coups de fil, etc … Les gens me demandent souvent comment j’ai fait. Tout ce que je peux dire est que j’y consacré énormément de temps et d’énergie. Ce n’est pas simple, c’est aussi pour cela que j’ai voulu monter ce projet.
4. Y a t-il un animal que tu voulais/veux absolument voir au cours de ton voyage? L’as-tu vu?
Au cours de mon voyage, j’ai été ravie de pouvoir observer les grizzlis dans leur milieu naturel, et notamment lors de la remontée des saumons. Dernièrement, j’ai eu la chance de pouvoir observer en centre de soin des Diables de Tasmanie, pour lesquels j’ai eu un vrai coup de foudre. Être vulnérable, menacé, attachant et unique en son genre, il reste très mystérieux aux yeux de la science.
5. Un des rêves d’Emeline est de voir le bus de Christopher McCandless, en Alaska. Est-il difficile d’accès?
Le bus du film (copie certifiée 100% conforme 😉 ) est facile d’accès mais perdu dans la campagne. Il faut louer une voiture ou faire éventuellement (comme moi) du stop. Les locaux savent où il est. C’est certainement le meilleur compromis.
Le bus réel est perdu dans la forêt, à environ 20 km de la route. Le chemin est difficile, non tracé, et il y a même eu parfois des morts (2 japonais l’an dernier) emportés par la fameuse rivière que l’on voit dans le film. Pour tout marcheur averti, cette randonnée reste compliquée.
6. Est-il difficile de voyager aussi longtemps et seule, en étant une fille?
Jusqu’à présent, être une fille a été un avantage. Je suis aidée, protégée, invitée, prise plus facilement en stop, on me cède plus facilement des entrées gratuites pour toutes sortes d’activités, … Bref, c’est malheureux pour les garçons, mais il faut reconnaitre que j’ai souvent droit à des traitements de faveur juste car je suis une fille !
Le fait de voyager longtemps use un peu (j’en suis à presque 9 mois), car j’ai pris peu de temps pour me reposer. Le fait d’être seule n’est pas un problème, j’aime être solitaire à la base, mais j’apprécie beaucoup de lier des amitiés avec des gens de passage. Au fur et à mesure du voyage, j’ai besoin davantage d’être avec des gens. Je pense que mes amis me manquent et que j’ai besoin de me sentir entourée !
7. Quel est, pour l’instant, l’endroit le plus impressionnant que tu aies vu ?
Difficile de choisir parmi tous les sites magnifiques dans lesquels je me suis rendue. Je pourrai citer le Machu Picchu, Monument Valley, la forêt Amazonienne, ou bien les Fjords de Nouvelle Zélande, mais une fois de plus, ce sont des ressentis très personnels et de mon côté, c’est encore et toujours l’Alaska qui m’a le plus marqué, avec probablement le Denali National Park ainsi que la randonnée « Lost Lake Trail » près de Seward: incroyable !
8. La rencontre la plus marquante?
Il serait injuste de n’en citer qu’une, alors qu’elles ne sont pas comparables. Du chef indien de l’une des dernières tribus de l’Ouest Canadien au scientifique spécialisé en Ours du Grand Nord, du Shaman d’Amazonie au Millionnaire Indonésien (rencontré en Nouvelle Zélande), j’en passe car beaucoup de gens ont échangé avec moi parfois quelques minutes mais qui me marqueront à vie. J’ai également partagé de très bons moments avec mes partenaires de voyage.
9. La plus grosse déception?
Un volontariat en Équateur qui s’est avéré être une expérience négative. Parmi tous ceux réalisés, seul l’un d’entre eux n’a pas fonctionné : je m’y étais préparée. Également, ne pas avoir pu partager la Nouvelle Zélande avec mon copain, mais ça n’a jamais vraiment fait partie « officiellement » du plan. Nous savions qu’il faudrait patienter 1 an avant de se revoir : dur dur !
10. Redoutez-vous l’après tour du monde?
Petit à petit, ce sentiment de crainte s’installe. Je suis assez confiante et pleine de projets, mais je ne pense pas échapper à la phase choc + nostalgie au retour d’un tel voyage.
11. Quels sont vos projets, vos rêves, vos espérances pour le futur?
Les projets fusent dans ma tête, mais j’en garde quelques uns secrets ! Bien sûr des projets de voyage, toujours en lien avec la protection animale, puis des projets de valorisation de mon tour du monde. Poursuivre la communication sur le volontariat. M’investir davantage dans le militantisme.
J’espère pouvoir développer des solutions afin de lutter contre cette souffrance qui me révolte, et je rêverai d’une opportunité professionnelle qui me laisserait enfin la liberté d’agir. Beaucoup de militants sont freinés par le manque de pouvoir et d’écoute que leur accordent les autorités, et il serait temps que les choses changent.
J’espère sincèrement que la société va tendre vers l’intérêt général plutôt que d’avancer tête baissée vers un individualisme qui nous détruit. Notre mode de vie axé sur notre confort et notre plaisir est une somme de produits de consommation crées à n’importe quel prix, même celui de la souffrance et de la destruction de la planète. J’espère qu’un jour, il n’y aura plus personne pour le nier et que chacun agira. Utopiste ? Tant pis, j’aurais essayé !
Très sympa cette interview ! Je suis curieuse de savoir quels sont tes projets et si tu compte revenir en France pour y travailler. (Je suis dans le même domaine que toi et actuellement à l’étranger et je ne sais pas trop ce qui m’attend au retour).
Quand à la fatigue, je te comprends ! Prends quand même un peu de temps pour te reposer, il faut préserver sa santé.